D’après la dernière étude publiée par le Ministère du travail, du plein emploi et de l’insertion sortie en mars 2023, le nombre d’apprentis en France est passé de 267 000 à plus de 810 000 entre 2014 et 2022. Ce qui représente une augmentation de plus de 300%.

Pourquoi un tel engouement pour l’apprentissage, quels sont les avantages, tant pour les étudiants que pour les entreprises, de choisir ce type de formation. Et enfin, quelles sont les contraintes, car oui il y en a quelques-unes ?

Faisons le point sur dans cet article

Les chiffres clé de l’apprentissages en 2022

En mars 2023, le Ministère du Travail a publié une étude très intéressante sur les chiffres clé de l’apprentissage (lien à la fin de l’article). Dans ce document, on apprend que le nombre d’apprentis a plus que triplé en 8 ans avec un pic entre 2019 et 2020 (avec plus de 163 000 apprentis en 1 an).

Tous les niveaux d’études sont représentés et de façon assez homogène : sur les 811 000 apprentis en 2023, 21% sont de niveau CAP, 15% niveau Baccalauréat, 22% niveau BAC+2, 19% niveau BAC+3 et 22% niveau BAC+5 et plus.

Qui recrute ?

Ce sont sans surprise les entreprises de moins de 50 salariés qui s’engagent le plus dans l’apprentissage à hauteur de 66% des contrats. Cela s’explique par la facilité de recrutement, les aides accordées par le gouvernement et donc des salariés « à moindre coût » et surtout cela pallie partiellement à la pénurie de main d’œuvre et aux difficultés de recrutement. Depuis 2017, le nombre d’apprentis dans les TPE/PME a doublé.

De leur côté, les grandes entreprises (+1000 salariés) ne représentent que 14% des contrats signés.

Dans quels secteurs ?

Les ¾ des nouveaux contrats sont signés dans le secteur des services (commerce, banque, assurances, immobilier, hôtellerie, restauration, coiffure et esthétique etc…). 14% le sont dans le secteur industriel et un petit peu plus de 10% dans la construction. Le secteur de l’agriculture et de la pêche représente quant à eux 2% des contrats signés en alternance.

Dans les faits, la répartition des apprentis par secteur est à peu près similaire à la répartition de l’ensemble des salariés (81%dans le tertiaire, 12% dans l’industrie, 6% dans la construction et 2% dans l’agriculture). La construction est légèrement sur-représentée et le tertiaire légèrement sous-représenté.

Les raisons de l’engouement

Pour les apprentis

L’intérêt pour les jeunes de se former via l’apprentissage est multiple.

Le premier est que l’étudiant bénéficie à la fois du statut d’étudiant mais également celui de salarié.

A ce titre, il reçoit une rémunération calculée en fonction de son âge et de son niveau d’études. Cette rémunération est un pourcentage du SMIC. Donc quand le SMIC augmente, l’apprenti voit sa paye également revalorisée. Ce qui est le cas au 1er Mai 2023.

En plus de l’indépendance financière qu’apporte l’apprentissage, les apprentis ne payent pas leurs frais de scolarité. Ils sont entièrement pris en charge par leur employeur durant toute la durée du contrat.

On peut également noter que les diplômes obtenus en apprentissage sont reconnus au même titre qu’un diplôme obtenu en formation initiale (sans apprentissage). Aujourd’hui c’est même un atout pour une première embauche.

En effet, se former par apprentissage est un véritable atout pour l’employabilité : Le taux moyen d’insertion des apprentis est de 66% 6 mois après leur diplôme d’après les chiffres du Ministère du Travail. Cela s’explique par une première expérience professionnelle longue où les apprentissages théoriques sont mis en pratique.

Pour les entreprises

Le principal atout de l’apprentissage pour une entreprise est d’avoir une main d’œuvre bon marché (notamment grâce aux aides présentées plus bas). L’avantage est qu’il n’a pas pris de mauvaises habitudes de travail. C’est donc un diamant brut.

C’est aussi un bon moyen de se familiariser avec les générations Z et suivantes et leur façon de fonctionner.

En ces périodes où recruter est difficile, l’apprentissage permet aussi et surtout d’avoir un vivier de futurs salariés déjà formés aux méthodes de travail et aux process de votre entreprise.

Les aides financières

Pour l’année 2023, le gouvernement renouvelle son soutien au recrutement des apprentis et des salariés en contrat de professionnalisation.

Le montant de l’aide

Pour la première année du contrat d’alternance, une aide financière de :

  • 6 000 euros maximum pour un apprenti, quel que soit son âge
  • 6 000 euros maximum pour un salarié en contrat de professionnalisation jusqu’à 29 ans révolus

Cette aide est cumulable avec les aides spécifiques pour les apprentis aux situations de handicap.

Pour rappel, en 2022 l’aide financière était de :

  • 5 000 euros maximum pour un apprenti de moins de 18 ans
  • 8 000 euros maximum pour un apprenti majeur

Pour quel type de certification ?

L’aide concerne chaque contrat d’apprentissage conclu entre le 1er janvier et le 31 décembre 2023 préparant à un diplôme jusqu’au master (bac + 5 – niveau 7 du RNCP).

Elle concerne chaque contrat conclu entre le 1er janvier et le 31 décembre 2023 préparant :

  • à un diplôme jusqu’au master, diplôme d’ingénieur, etc.
  • à un CQP (certificat de qualification professionnelle)
  • ainsi que pour les contrats expérimentaux conclus en application du VI de l’article 28 de la loi n° 2018-771 du 5 septembre 2018.

À quels employeurs s’adresse l’aide exceptionnelle ?

Cette aide sera versée :

  • aux entreprises de moins de 250 salariés, sans condition.
  • aux entreprises de 250 salariés et plus à la condition qu’elles s’engagent à atteindre un seuil de contrats d’alternance ou de contrats favorisant l’insertion professionnelle dans leur effectif au 31 décembre 2024.

Les exonérations

La rémunération des contrats d’apprentissage est exonérée de cotisations salariales dans la limite de 79% du SMIC. La part de la rémunération au-delà de ce seuil est soumise à cotisations et contributions sociales.

La rémunération des apprentis est également exonérée de CSG/CRDS, quel que soit le niveau de rémunération. Ceci concerne la rémunération versée en compensation du travail fourni par l’apprenti. Ainsi, le versement direct d’une prime d’intéressement ou de participation est soumise à CSG/CRDS.

Et enfin dans certaines conditions, l’employeur peut également être exonéré de la taxe d’apprentissage.

Les contraintes

Pour les apprentis

La charge de travail d’un apprenti est bien supérieure à celle de la plupart des salariés. En effet, sur 35h de travail hebdomadaire, il cumule le temps de travail et les cours en Centre de Formation par apprentissage (CFA). A cela s’ajoute les devoirs, les fiches d’activité, les révisions, les examens etc…

Alors certes, l’apprenti a droit aux congés payés légaux, c’est-à-dire 5 semaines de congés payés par an. Mais l’employeur a le droit de décider de la période à laquelle l’apprenti peut prendre ses congés. Et il est fréquent que l’employeur demande à l’étudiant d’être présent sur les périodes de fortes affluences (comme les vacances de fin d’année pour les élèves travaillant dans le commerce). Fini donc les 2 semaines de vacances à la Toussaint, Noël, en Février et à Pâques. Idem pour les 2 mois de vacances d’été.

La fatigue est donc un critère non négligeable à prendre en compte.

L’autre point qu’il faut garder en tête lorsqu’on signe un contrat d’apprentissage est que l’entreprise qui vous forme, et le poste occupé, n’est peut-être pas le poste rêvé de l’étudiant. En effet, il peut être parfois difficile de trouver une entreprise qui accepte les apprentis. Et donc le choix peut se faire par défaut. C’est là que le jeune doit fait preuve de maturité. Une fois diplômé, il sera temps de choisir l’entreprise.

Les inconvénients sont bien moins importants que les avantages.

Pour les entreprises

Du côté des entreprises, un apprenti est un salarié certes, mais un salarié en formation. Par conséquent, il sera nécessairement moins productif qu’un salarié diplômé, d’une part, et d’autre part, il mobilisera des ressources en interne pour l’accompagner et le former – et sera donc susceptible de diminuer la productivité de son tuteur.

Par ailleurs, le temps consacré par l’apprenti à la formation dans les CFA (centres de formation d’apprentis), est compris dans son temps de travail.  Ce qui diminue également sa productivité.

Par conséquent, avant d’embaucher un apprenti, il est important d’en étudier la rentabilité réelle par rapport à la rentabilité escomptée.

De plus, en général et dans le meilleur des cas, l’apprenti dispose d’une très faible expérience professionnelle. Il est donc difficile d’appréhender les compétences et les qualités professionnelles d’un candidat au contrat d’apprentissage dans le cadre d’un entretien d’embauche « classique ». C’est pour cela que les recruteurs s’appuient principalement sur les soft skills (voir notre article à ce sujet). Il faut savoir qu’un contrat d’apprentissage ne peut pas comporter de clause de période d’essai. Il ne peut être rompu unilatéralement de manière anticipée que pendant les 45 premiers jours de formation pratique effectuée par l’apprenti en entreprise. Au-delà, les modes de rupture anticipées sont extrêmement encadrés et limités.

Par conséquent, si embaucher représente toujours un risque pour l’employeur, il s’agit tout de même très souvent d’un pari gagnant / gagnant sur l’avenir, pour l’apprenti et pour l’entreprise

 

 

Source : https://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/chiffres-cles-apprentissage-2022.pdf