La question du bien-être et de la santé au travail occupe une place de plus en plus importante dans les politiques et préoccupations RH des entreprises. Ces dernières années ont renforcé l’attention portée à ces sujets.

Selon une enquête de l’IFOP menée en mai 2020 pour Siaci Saint Honoré et Wittyfit (enquête réalisée par questionnaires en ligne du 18 au 22 mai 2020, sur un échantillon de 1003 personnes représentatif de la population française salariée), 81 % des répondants estiment que le bien-être au travail constitue un enjeu prioritaire au sein de leur entreprise. Ce chiffre a évolué de 25 points par rapport à sa dernière mesure en septembre 2018.

Les actions des entreprises dans ce domaine relèvent de la QVT (Qualité de Vie au Travail). La thématique n’est pas nouvelle, car depuis 19 ans, l’Anact, qui est l’Agence Nationale pour l’Amélioration des Conditions de Travail, œuvrant pour la promotion de la QVT sous tutelle de l’État, organise une semaine de la QVT tous les ans. Mais sa définition évolue. En effet, depuis 2020, l’acronyme est devenu QVCT, soit Qualité de Vie et des Conditions de Travail.

Comment peut-on définir ces deux approches et comment se justifie cette évolution d’appellation ? Quels sont les enjeux autour de la semaine de la QVT ? C’est ce que nous vous expliquons dans cet article.

Qu’est-ce que la QVT ?

Aux origines de la QVT

La QVT existe depuis plusieurs années, mais c’est l’Accord National Interprofessionnel (ANI) du 19 juin 2013 sur la qualité de vie au travail et l’égalité professionnelle qui a encouragé les entreprises à engager de véritables démarches dans la sphère de la QVT. Il est important de noter que cet accord a été négocié de manière volontaire par les partenaires sociaux, sans aucune obligation légale de le faire.

Définition de la QVT

D’après l’ANI du 19 juin 2013, la QVT « désigne et regroupe sous un même intitulé les actions qui permettent de concilier à la fois l’amélioration des conditions de travail pour les salariés et la performance globale des entreprises, d’autant plus quand leurs organisations se transforment. »

Selon l’Anact, la QVT est une « démarche qui vise à combiner performance de l’entreprise et bien-être des salariés ».

Enfin, selon Matthieu Pavageau, directeur scientifique et technique de l’Anact, « La QVT, c’est précisément une façon d’articuler les enjeux d’efficacité de l’organisation et de développement humain en s’intéressant aux questions du travail ».

On retrouve dans ces définitions la volonté de combiner intérêts de l’entreprise et équilibre de ses collaborateurs. Il s’agit d’une démarche collective.

Les piliers de la QVT

D’après l’article 2 Titre II de l’ANI du 19 juin 2013, les éléments constitutifs de la QVT se retrouvent sous plusieurs thèmes :

  • Les relations entre les acteurs de l’entreprise (de travail, sociales).
  • Le travail en lui-même et les conditions de travail (organisation du travail, contenu, environnement physique).
  • La communication (information partagée au sein de l’entreprise).
  • L’épanouissement personnel (l’engagement de tous, la réalisation et le développement personnel, la conciliation vie professionnelle et vie personnelle).
  • Le respect de l’égalité professionnelle.

De plus, certaines entreprises n’hésitent pas à proposer des services additionnels qui permettent d’alléger la charge mentale des collaborateurs. La qualité de vie au travail peut ainsi contribuer à la qualité de vie en général : crèches, activités sportives, aides du Comité Social et Économique pour les loisirs et les voyages… ⁣

Mais si certaines organisations ont bien intégré toutes les dimensions de la QVT dans leurs différentes actions, le risque est justement de se contenter de soigner un peu plus les extras ou les à-côtés du travail que le travail en lui-même et la façon dont il s’exerce. Dans ce cas, l’entreprise passe à côté de l’intérêt de la démarche de QVT.

C’est cette dérive dans l’interprétation de la QVT que vient tenter de corriger la QVCT. Elle permet de recentrer le débat sur l’essentiel.

Qu’est-ce que la QCVT ?

La QVCT est apparue avec l’Accord National Interprofessionnel (ANI) du 9 décembre 2020 sur la santé au travail, entériné par la loi du 2 août 2021 « pour renforcer la prévention en santé au travail ».
L’évolution ne s’arrête pas à la modification de l’acronyme. C’est l’approche de la QVT qui change.

L’attention est portée en priorité aux conditions de travail, dans un souci d’anticipation et de prévention, et la démarche se veut participative.
L’ANI du 9 décembre 2020 crée pour les entreprises de nouvelles obligations en matière de santé et de qualité de vie au travail et préconise une démarche d’amélioration continue impliquant les collaborateurs.

Les moyens d’action

Avec L’ANI et la loi de santé du 2 août 2021, les entreprises peuvent s’appuyer sur différents leviers d’action pour amorcer leur transition vers la QVCT :

  • Le renforcement du DUERP ou Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels (article L. 4121-3-1 du Code du travail) : il permet à la fois d’établir un état des lieux, un plan d’action et un suivi des risques professionnels.
  • La négociation obligatoire sur la qualité de vie et des conditions de travail qui doit se tenir au moins une fois tous les quatre ans (article L2242-1 du Code du travail mis en place par la loi du 2 août 2021).
  • La formation accrue des salariés et de leurs managers en matière de santé et sécurité au travail. Toutes les formations suivies doivent être répertoriées dans le passeport prévention créé à cet effet.
  • L’accompagnement renforcé des entreprises par le réseau Anact-Aract (réseau national et antennes régionales) ou encore le service prévention de la CARSAT (Caisse d’assurance retraite et de santé au travail).

Les enjeux de demain de la QVCT

Au-delà des conditions de travail matérielles et de la santé au travail, la QVCT doit englober toute l’expérience salarié. Elle doit s’appliquer également aux modes d’organisation, au cycle de vie RH du collaborateur (recrutement, intégration, évaluation, développement, évolution…) et au management.

Ce dernier point n’est pas à négliger, car la mauvaise relation avec le manager peut être un motif de départ de la société. Il est ainsi important d’accompagner les managers, notamment ceux qui le deviennent pour la première fois. Les notions de management bienveillant, d’écoute, d’intelligence émotionnelle sont de plus en plus considérées.

De plus, trouver du sens dans son travail, être aligné, apporter de la valeur ajoutée sont autant d’aspirations de plus en plus importantes pour les salariés. Ceux-ci recherchent moins un travail purement alimentaire, mais plutôt des missions qui développent et participent à l’épanouissement.

L’importance de la semaine de la QVT

Comme nous l’expliquions plus haut, depuis 19 ans, l’Anact se positionne en principal accompagnateur des entreprises, avec l’appui du Ministère du Travail, et contribue à la mise en lumière du sujet de la QVT (et maintenant de la QVCT) via la semaine de la QVT.
Chaque année, un thème dédié est choisi. Pour l’édition 2022, qui aura lieu du 20 au 24 juin, l’Anact ne s’y trompe pas en sélectionnant le thème : « En quête de sens au travail ».

Un intérêt pour les entreprises en externe : soigner sa marque Employeur

On le sait, les candidats et les salariés portent de plus en plus d’intérêt au contexte de travail, autant qu’aux missions ou au salaire. L’importance de l’équilibre vie privée et vie professionnelle s’accroît.
Mettre en place des initiatives dans ce sens est inévitable pour attirer les candidats et retenir les collaborateurs.

Cette semaine de la QVT est importante pour les entreprises, car elle leur offre de la visibilité, mais favorise aussi une comparaison directe des différentes démarches engagées. Il est donc judicieux, en termes de marque employeur, de profiter de cette vitrine pour mettre en avant les initiatives de l’entreprise en la matière.

Un intérêt pour les entreprises en interne : mettre en lumière les initiatives de l’entreprise et améliorer l’expérience salarié

Un évènement national tel que la semaine de la QVT est l’occasion de montrer aux salariés les efforts mis en place par l’entreprise dans ce domaine. Cette semaine offre aussi un forum pour ouvrir des discussions en interne sur le sujet et recueillir les avis des collaborateurs, les engager à être partie prenante dans la démarche.

L’organisation d’ateliers, de conférences, de défis sportifs sont autant de temps de respiration et de prise de recul qui permettent de renforcer le dialogue entre la Direction, les managers et les collaborateurs.

Cet évènement peut aussi être le moment de tester de nouvelles initiatives pour ensuite les mettre en place de manière plus pérenne.

En conclusion, le passage de la QVT à la QVCT permet d’axer la réflexion et les actions sur le cœur du travail et pas seulement sur ses aspects périphériques et les initiatives purement cosmétiques que les entreprises pourraient mettre en place.
La QVCT, via l’ANI qui l’a mise en place, incite l’entreprise à structurer sa démarche en matière de santé et bien-être au travail. On peut espérer que cette évolution permette d’atteindre plus aisément l’objectif initialement fixé par la QVT : favoriser la performance de l’entreprise en optimisant les modes de travail et ainsi œuvrer pour l’épanouissement de chacun via le travail.